Guerre en Ukraine : malgré le cessez


Une trêve non respectée. Les tirs d’artillerie se poursuivaient vendredi 6 janvier des deux côtés du front à Bakhmout, l’épicentre des combats dans l’est de l’Ukraine, malgré l’entrée en vigueur d’une trêve unilatérale annoncée plus tôt par Moscou, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse. Des tirs du côté ukrainien comme du côté russe se faisaient entendre après le début du cessez-le-feu à 12 heures, heure locale (10 heures à Paris), dans cette ville aux rues en grande partie détruites et désertées, mais leur intensité était moindre que les jours précédents, selon l’Agence France-Presse.

L’armée russe a aussi frappé vendredi à deux reprises la ville de Kramatorsk, dans l’est de l’Ukraine, a indiqué le chef adjoint de l’administration présidentielle ukrainienne. « Les occupants ont frappé la ville avec des roquettes à deux reprises. Un immeuble résidentiel privé a été touché. Selon les informations préliminaires, il n’y a pas de victimes », a écrit Kyrylo Tymochenko sur Telegram.

Le cessez-le-feu décrété unilatéralement par le président russe Vladimir Poutine en Ukraine à l’occasion du Noël orthodoxe est censé avoir commencé vendredi 6 janvier à 12 heures locales (10 heures à Paris). Cette première trêve d’ampleur depuis le début de l’invasion en février 2022 est un geste interprété par Kiev et ses alliés comme la volonté de gagner du temps de la part de Moscou. Selon les termes de cette trêve annoncée la veille, les troupes russes cesseront les combats jusqu’à samedi minuit (22 heures à Paris).

À LIRE AUSSIGuerre en Ukraine : ces armes qui font la différence

Suivant un appel du patriarche orthodoxe russe Kirill, mais aussi une proposition du chef de l’État turc Recep Tayyip Erdogan, le président russe Vladimir Poutine a demandé jeudi à son armée d’observer un « cessez-le-feu sur toute la ligne de contact entre les parties à partir de midi le 6 janvier de cette année jusqu’à minuit le 7 janvier ».

Des livraisons d’armes supplémentaires à l’Ukraine

Vladimir Poutine a appelé les forces ukrainiennes à respecter cette trêve afin de donner la possibilité aux orthodoxes, la confession majoritaire en Ukraine comme en Russie, d’« assister aux offices la veille de Noël, ainsi que le jour de la Nativité du Christ ».

Son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky a fustigé cette annonce qui n’est, selon lui, qu’une « excuse dans le but d’au moins arrêter l’avancée de nos troupes dans le Donbass et apporter équipements, munitions, et rapprocher des hommes de nos positions ». « Quel sera le résultat ? Plus de morts », a-t-il affirmé.

Volodymyr Zelensky a en revanche salué la « décision très importante » des États-Unis et de l’Allemagne qui ont promis à Kiev la livraison de blindés d’infanterie, de type Bradley côté américain et de modèle Marder côté allemand, après l’annonce par la France d’envoi de chars légers. Berlin s’est aussi engagé à fournir une batterie de défense antiaérienne Patriot, comme l’a déjà fait Washington.

Poutine et son cessez-le-feu critiqués par l’Occident

Le cessez-le-feu ordonné par Moscou constitue la première trêve à caractère général depuis le début du conflit, seuls des accords locaux ayant été jusqu’alors conclus comme pour l’évacuation des civils de l’usine Azovstal à Marioupol en avril. « La Russie doit quitter les territoires occupés, c’est alors seulement qu’il y aura une “trêve temporaire”. Gardez votre hypocrisie », a réagi sur Twitter un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhailo Podoliak.

À LIRE AUSSI« Poutine se retrouvera face à une cour internationale, c’est le sens de l’Histoire »

Pour le président américain, Vladimir Poutine cherche « à se donner de l’air ». Il « était prêt à bombarder des hôpitaux, des crèches et des églises […] le 25 décembre et lors du Nouvel An », a ironisé Joe Biden. Ce cessez-le-feu « ne fera rien pour faire avancer les perspectives de paix », a réagi le ministre britannique des Affaires étrangères James Cleverly, en réclamant un retrait définitif des forces russes. Une telle trêve n’apportera « ni liberté ni sécurité » en Ukraine, a abondé la diplomatie allemande.

À LIRE AUSSIQuel tribunal pour Vladimir Poutine ?

Dans sa conversation téléphonique avec Vladimir Poutine, Recep Tayyip Erdogan avait proposé un « cessez-le-feu unilatéral » destiné à soutenir « les appels à la paix et les négociations entre Moscou et Kiev ». La Russie est prête à un « dialogue sérieux » avec l’Ukraine à condition que celle-ci se plie aux exigences russes et accepte les « nouvelles réalités territoriales » nées de l’invasion de ce pays en février, a fait valoir Vladimir Poutine.

Zelensky veut un retrait total des forces russes avant de renouer le dialogue

Moscou a revendiqué en septembre l’annexion de quatre régions occupées au moins partiellement par son armée en Ukraine, malgré de multiples revers militaires sur le terrain, sur le schéma de celle de la péninsule ukrainienne de Crimée en mars 2014. Volodymyr Zelensky insiste pour un retrait total des forces russes de son pays, Crimée comprise, avant tout dialogue avec Moscou. Dans le cas contraire, il promet de reprendre par la force les territoires occupés.

À LIRE AUSSI« Si je rentre, on me tue » : le témoignage d’un mercenaire Wagner capturé en Ukraine

À l’occasion de ses discussions avec Recep Tayyip Erdogan, Vladimir Poutine a accusé les Occidentaux de « gaver le régime de Kiev d’armes et d’équipements militaires et de lui fournir des informations opérationnelles et de ciblage ».

À LIRE AUSSICe que la guerre en Ukraine enseigne à l’armée française

La trêve russe est proposée moins d’une semaine après une frappe ukrainienne dans la nuit du Nouvel An qui a fait au moins 89 morts à Makiïvka, dans l’est de l’Ukraine. Un bombardement particulièrement meurtrier que l’armée russe a dû reconnaître, fait extrêmement rare, et qui a suscité des critiques en Russie à l’encontre du commandement militaire.

Trois morts en Ukraine après les bombardements de jeudi

Sur le front en Ukraine, les bombardements se sont poursuivis jeudi avec notamment la mort d’une femme et de son fils de 12 ans dans un bombardement russe à Beryslav, près de Kherson, dans le Sud, selon le chef adjoint de l’administration présidentielle Kyrylo Tymochenko. Deux personnes ont également été tuées et trois autres blessées dans une frappe sur un village dans la région de Zaporijia, également dans le Sud, selon le gouverneur Oleksandre Staroukh.

À LIRE AUSSI« La force morale des Ukrainiens est comparable à celle des Britanniques face aux nazis »

Des habitants de la ville de Tchassiv Yar, dans l’est, ont raconté jeudi à l’Agence France-Presse qu’un missile russe avait touché un immeuble avant l’aube, blessant un homme et une femme.


Guerre en Ukraine : malgré le cessez-le-feu, les combats se poursuivent