Le dernier jour de 2022, le premier de l’année qui naît et les festivités qui ont pu avoir lieu entre les deux ont eu un goût amer et une odeur d’explosif en Ukraine, dont le territoire a, une fois de plus, été noyé sous des vagues successives de missiles de croisière puis de drones Shahed-136, ces fameuses «mobylettes volantes» que Moscou a commandées en nombre à l’Iran.
These are the trails left by russian cruise missiles launched from the Caspian Sea about an hour ago.
Those missiles killed and wounded innocent civilians across Ukraine an hour later, on New Years Eve.
The russian federation is a terrorist organization. pic.twitter.com/EGu61bgkDM
— Saint Javelin (@saintjavelin) December 31, 2022
S’il peut se poursuivre encore quelque temps, le cauchemar des populations ukrainiennes a peut-être passé sa phase la plus critique. Nous en parlons depuis quelques mois, mais le stock de missiles russes est semble-t-il au plus bas et le pays, frappé par les sanctions économiques et technologiques imposées par l’occident, peine à en fabriquer de nouveaux.
Les débris de certains des missiles de croisières récemment lancés par Moscou indiquent qu’ils ont été produits lors du dernier trimestre 2022. Comme l’a récemment affirmé le chef du renseignement militaire ukrainien, Kyrylo Budanov, cela semble indiquer qu’il s’agit de dernières cartouches, du en ce qui concerne ces redoutables armes en particulier.
Ukrainian military intelligence says examination of missile debris indicates that Russian military use missiles produced in Russia in Q4 2022. This means that Putin’s regime has no more stocks left so they have to use what they produce right away. https://t.co/MEJrqUUeZQ
— Alex Melikishvili (@A_Melikishvili) January 2, 2023
The Russian Federation only has missiles left for two massive strikes against #Ukraine, said the head of the Main Directorate of Intelligence, Ukraine’s Military Intelligence Service, Kyrylo Budanov on 🇺🇦 TV.https://t.co/6TaleTpkqy
— Mattia Nelles (@mattia_n) January 1, 2023
Le Kremlin fait également (et notamment) usage sur les structures civiles de projectiles de S-300, un système de défense anti-aérienne qui n’est pas initialement prévu à cet effet. Fin novembre, le renseignement britannique indiquait également que Moscou retirait les têtes nucléaires de certains de ses vieux missiles pour les envoyer sur l’Ukraine, et ajouter ainsi à l’effet de masse des bombardements et à la tâche complexe des défenses anti-aériennes ennemies.
Téhéran pourrait aussi suppléer aux stocks finissants de la Russie en fournissant certains de ses propres missiles balistiques ou de croisière. En attenant, il semble que les «espoirs» russes reposent sur les fameux drones Shahed-136, ces kamikazes au fameux son de mobylette, que l’Iran fournit en grand nombre au Kremlin, et qu’il semble décidé à produire lui-même grâce à d’étroits échanges techniques négociés avec Téhéran.
Mais la menace que représentait il y a quelques mois ces Shahed-136 –qui semble-t-il n’ont un temps pas pu opérer du fait de températures trop basses– semble peu à peu s’effacer. Frappée de plus en plus profondément en ses Terre, la Russie semble vouloir amplifier leur usage dans les prochaines semaines et, peut-être, les prochains mois.
Drones de drames
Malgré un effet psychologique certain sur les populations civiles, ce sera peut-être en vain. Lors de son discours de Nouvel An, Volodomyr Zelensky a ainsi prévenu que ces attaques allaient se multiplier mais a en parallèle promis que le pays allait, avec l’aide de ses alliés, encore renforcer ses défenses anti-aériennes.
Il y a quelques semaines, l’Ukraine annonçait travailler de son côté sur ses propres «drones anti-drones», en cours de développement et qui pourraient débarrasser les cieux du pays de ces Shahed-136 dont la lenteur –compensée par le nombre car lancés en essaims afin de déborder les défenses– peut en faire des cibles faciles, toute chose étant relative par ailleurs.
En attendant de posséder ses propres systèmes –et sans même compter les batteries anti-missiles Patriot qui mettront quelques mois à être déployés et auront un tout autre usage que ces petits drones–, l’Ukraine peut compter sur ses défenses déjà en place et sur celles qu’elle a reçues, comme les redoutable NASAMS.
Selon l’armée de l’air ukrainienne, en 48 heures en 2023, ce sont 84 drones kamikazes iraniens Shahed qui ont été abattus au dessus de #Kyiv, contre 500 depuis le début de la vague en septembre #UkraineWar
— Stéphane Siohan (@stefsiohan) January 3, 2023
Et cela fonctionne plutôt bien, voire très bien. Selon les autorités du pays et le président Zelensky, tous les drones Shahed envoyés par la Russie entre le 31 décembre 2022 et le premier jour de l’année suivante, quatre-vingt quatre au total, ont pu être abattus avant qu’ils ne tombent sur les infrastructures critiques et habitations civiles du pays.
Au total, cinq cents de ces mobylettes volantes auraient déjà été envoyées par Moscou sur l’Ukraine, avec donc une efficacité qui décroît régulièrement à mesure que l’Ukraine organise sa résistance et ses défenses.
Ukraine qui, cette fois, a moins souffert sur le plan énergétique, et dont la résolution contre l’envahisseur russe n’a pas baissé d’un iota. Selon de récents sondages, et malgré ces vagues de bombardements terroristes ou les horreurs vécues partout par les populations civiles, ces dernières continuent de soutenir coûte que coûte l’action militaire de leur gouvernement, et ne comptent pas lâcher un pouce carré de territoire.
Citée par le Wall Street Journal, une enquête menée par le Kyiv International Institute of Sociology conclue ainsi que 85% des Ukrainiens étaient contre de quelconques cessions territoriales en décembre, contre 87% en septembre et 82% en mai. En tentant la carte de l’épuisement, il semble ainsi que ce soit Moscou qui s’épuise en première.
Les drones Shahed iraniens envoyés par la Russie sur l’Ukraine ne servent déjà plus à rien